Mon utilisation de Babytwit en CM2
Enseignant depuis 11 ans et directeur d’école depuis 3 ans, j’enseigne en CM2. Étant sur twitter avec un compte personnel depuis quelques temps, j’avais envie de me lancer dans une « twittclasse ». C’est donc tout bonnement que j’ai créé un compte avec ma classe et nous voilà lancés dans la grande aventure de ce réseau social.
La classe a ouvert son compte en janvier et il a été difficile de se rendre visible au milieu de toutes les classes de ce réseau. Nous avons communiqué avec l’école située dans la commune voisine et ça s’est arrêté là.
Il était donc frustrant d’utiliser twitter car sans interaction, un réseau social n’est pas grand-chose.
Puis est arrivé BabyTwit. Je reçois un mail de mon ATice de circonscription me présentant un projet clé en main (toujours appréciable) concernant des Tw’haïkus. Il s’agissait pour les élèves d’écrire un haïku à partir d’une photo publiée sur BabyTwit.
Dans ma classe, on produit de l’écrit deux fois par semaine et les élèves sont habitués à cet exercice de style. Mais là, leurs écrits prenaient une toute autre dimension : ils allaient être mis sur un réseau social. La quantité modérée de classes présentes sur BabyTwit (tout relatif quand on parle d’Internet) a permis à notre compte « d’exister » immédiatement. Les haïkus étant commentés et mis en favori.
Concrètement, les élèves écrivaient leurs textes au brouillon puis, quand ils s’étaient relus et étaient sûrs d’eux, l’écrivaient sur leur post-tweet (un simple post-it) à gauche du tableau interactif. Les post-tweets corrigés étaient déplacés à droite du TBI afin d’être écrits sur BabyTwit. On sélectionnait ensuite ensemble les haïkus qui nous plaisaient le plus et les élèves concernés les écrivaient.
Par la suite nous avons alimenté notre compte BabyTwit en publiant les résultats de nos statistiques (pourcentage de filles dans la classe, pourcentage de garçons, etc.). Nous avons aussi parlé littérature de jeunesse avec « une histoire à quatre voix ».
Les collègues avec qui je discute sur Twitter et adeptes des twittclasses depuis longtemps me diront qu’avec Twitter on fait déjà tout ça. Je réponds oui et j’ai d’ailleurs fait vivre les deux comptes en parallèle tout au long de l’année et force est de constater que la visibilité était moindre sur Twitter (ce qui peut aussi m’être imputé).
Mais le plus gros défaut d’utilisation de Twitter, c’est de faire une publicité gratuite à ce réseau social. En effet nombre de mes élèves se sont inscrits sur Twitter par la suite. Certains n’ont pas été très actifs mais d’autres le sont beaucoup plus et comptent un nombre de « followers » impressionnant.
Il est vrai qu’on ne peut envisager le B2i comme il y a dix ans et qu’il est nécessaire d’évoquer l’utilité et les dangers des réseaux sociaux, mais est-ce à l’école de le faire en prenant le risque mettre le pied à l’étrier à l’utilisation de ce réseau social ?
Je le crois et si création de compte il y a, c’est un dommage collatéral de la création d’une twittclasse d’où la nécessaire information aux parents. Certes des élèves ont aussi créé un compte babytwit mais les « conséquences » sont moindres surtout quant à l’utilisation des données personnelles.
Je vous invite d’ailleurs à lire le AbulÉdu’Zine n°5, spécial BabyTwit qui m’a convaincu.
Pour l’année scolaire qui arrive, je pense faire coexister les deux comptes en parallèle. Une période sur l’un et une période sur l’autre. Il est important que les élèves soient aussi confrontés à ce qui existe numériquement hors des murs. Il est nécessaire pour un public d’élèves de RRS qui ont pour beaucoup déjà un profil Facebook de pouvoir être confrontés à un réseau social dans le cadre de l’école afin d’ouvrir le débat (avec les parents) et qu’ils puissent commencer à se construire une identité numérique.
Matthieu Parcaroli